ADaM-Project

23:19:21

by Philippe Jonckheere (de) | April 22, 2003 23:19:21

Et refermant maladroitement le livre, en tombent quelques feuillets qui datent de l'époque de cette rétrospective de John Baldessari au Whitney Museum à New York en 1991, exposition qui avait été une sorte de révélation, je connaissais à l'époque très peu les travaux de John Baldessari. Ces feuillets sont écrits de ma main mais comme ils datent de 1991, je suis un peu subjugué par cette écriture qui était lisible, et pourtant pas si différente de la mienne, de celle d'aujourd'hui qui, elle, est illisible, il est déjà tard mais j'entreprends de recopier ces notes. Je les lis avec émotion, je suis à la fois amusé et irrité par la naïveté de certaines de ces lignes, mais je revois parfaitement cet après-midi poisseux du début de septembre 1991, il pleuvait par intermittence, des douches torrentielles, et les trottoirs étaient glissants des premières feuilles tombées à terre, l'argent manquait en toute chose, il y avait comme cela trois jours à tenir à New York avant de repartir en France, et comme je le pressentais repartir pour une nouvelle vie.

09:46:34

by Philippe Jonckheere (de) | April 23, 2003 09:46:34

Le lendemain, je résous le problème resté sans solution la veille, comment prendre l'appareil-photo en photo: avec un miroir, un autoportrait, en quelque sorte. C'est aussi l'occasion, le lendemain donc, de relire mes notes et de me pencher sur la rédaction de ces lignes. Combien de choses peuvent tenir dans une seule journée prise au hasard!, et combien il en reste peu, finalement, dès le lendemain quand les événements, les coïncidences et les paroles de la nouvelle journée effacent sûrement les pensées de la veille!, me serais-je souvenu de cette journée du 22 avril 2003 de la sorte si je n'avais pas consigné avec minutie tous ces menus accidents, ces détours de la pensée ou de la parole?, mais alors se pose la question de savoir à quel point cette journée a été une journée comme les autres, toujours tenue sous l'éclairage un peu particulier de vouloir en retenir le plus possible, je spécule, de fait, intérieurement sur les véritables chances de succès d'une telle entreprise, et ce faisant, je repense à cet entretien en juin 1999 avec Charles Juliet, au détour de la conversation, cette phrase de l'écrivain: "En effet, cet oeil intérieur à l'aide duquel on cherche à se percevoir, il fait partie intégrante de ce que l'on à observer. Par là même, toutes ces perceptions dénaturent ce qu'il appréhende. Pour que ces perceptions ne soient plus vicées, le regarde doit s'inverser, puis épurer l'oeil dont il émane, afin de l'affranchir de ce qui conditionne sa vision. Autrement dit, nous avons à connaître ce à l'aide de quoi nous cherchons à nous connaître. Tant que l'on n'a pas effectué ce travail, toutes nos perceptions de nous-même sont déformées. Donc comment se connaître, comment devenir soi, compte tenu de cette difficulté inhérente à la recherche? Comment avoir une appréhension directe de soi? Tant d'obstacles sont à éliminer". Et l'oeil dont il fallait s'affranchir dans cette journée, n'était-il pas numérique, toute la journée accompagné et épaulé par ces machines qu'on qualifie un peu vite de pensantes, ce qu'elles ne sont pas, Dieu nous garde, mais qui sont tout de même des enregistreuses puissantes?

08:23:34

by Lumumba | May 31, 2003 08:23:34

Ça, c'est mon coin bricolage. Là, je répare l'ordinateur de mon avocate, Françoise, qui est une amie. Deux virus (Elkern B et Sircam, pour les connaisseurs, ainsi qu'une pilée d'espiogiciels assez conséquente). En un sens elle a du bol, toutes ses données sont intactes... mais ce n'est pas toujours le cas. Une de mes passions, c'est de récupérer de vieux disques en vinyle et de les transférer sur CD, surtout les introuvables. C'est pour cela que j'ai installé l'ampli et la platine à portée de main.

08:23:44

by Lumumba | May 31, 2003 08:23:44

J'ai acheté un écran neuf pour mon ordi à moi. L'ancien était devenu trop sombre. La bête dort encore.

08:24:10

by Lumumba | May 31, 2003 08:24:10

J'allume l'engin ; c'est très long à démarrer parce que le système est en soi assez hétéroclite. Deux disques durs dont un en SCSI, (piloté par une antique carte Adaptec 2940U de 1995), deux processeurs et tout le bazar qui va autour. Je ne peux même pas refermer le boîtier tellement il est plein. C'est mon arme. Je cogne tellement fort sur le clavier que je dois en changer tous les ans ou à peu près. C'est parce que j'ai commencé à taper sur une machine mécanique. Ça m'a musclé le bout des doigts.

08:26:02

by Lumumba | May 31, 2003 08:26:02

Mon écran d'accueil, c'est Joy et son chien. Une très vieille amie, qui vit en Inde, à Khajuraho, depuis 1953. Elle y tient le Raja Café, face aux temples. Je la connais depuis 1980. Elle se dit Suissesse, mais en fait elle est Anglaise. Sa sœur Betty (pourvu qu'elle soit encore de ce monde) était mariée à Gilles, un grand gaillard suisse qui a cassé sa pipe en 97. Il s'était construit une maison dans les arbres, qui existe toujours. La photo date de l'hiver 98, où nous étions partis deux mois et demi avec les enfants pour traverser le cœur du pays de mon cœur. Car j'aime l'Inde et les Indiens, et c'est peu dire. J'y vais depuis 1976. Elle me manque terriblement.

08:27:23

by Lumumba | May 31, 2003 08:27:23

Je relève mon courrier. Neuf dixièmes de pub, une gentille " dame du lac " qui me demande des conseils pour mieux soumettre son mari -elle a lu La Liste ...-, le petit père Samir qui nous envoie de ses nouvelles, René -béni soit-il !- qui se propose de m'envoyer les quatre CD de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert...

10:15:05

by Lumumba | May 31, 2003 10:15:05

J'embarque l'ordinateur de Françoise, qui est dévérolé. Je le déposerai chez le Barbu, où Christine viendra le récupérer. On embarque, direction Pouliviac. Les enfants restent à La Cazelle.

11:18:56

by Philippe Jonckheere (de) | June 13, 2003 11:18:56

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by Philippe Jonckheere (de) | June 13, 2003 11:20:01