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05:24:31
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 05:24:31
La relève est dans une heure, je pourrais débrancher ce cordon ethernet de mon ordinteur portable __ c'est de ce câble que sont parties (et arrivées pour certaines d'entre elles) toutes les données, images et textes qui constituent toutes ces lignes accumulées depuis minuit, mais j'ai beau palper ce câble, je ne sens rien pas même un filet, absence de pouls donc, qui serait alarmante si le témoin lumineux ne m'indiquait pas que, non, tout fonctionne comme cela doit, on ne sent rien, c'est tout, c'est immatériel et c'est ce qu'on peut dire de tant de choses que nous faisons désormais : on ne sent plus rien, je ne sens plus, je ne sais plus ce que c'est, depuis quelques temps maintenant, cette petite, soyons raisonnable, douleur entre les doigts de serrer le stylo et dans le poignet d'étendre ligne après lignes sur le papier __ et rejoindre un monde meilleur, semer par exemple quelques oeufs de chocolat dans le jardin pour les enfants, avec un jour de retard, il va bien falloir que ces enfants-là s'habituent au fait que leur père est au travail quand les autres ne travaillent pas, et qu'en quelque sorte ce père là ne fait jamais rien tout à fait comme les autres. Pas un cadeau.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Câble -
06:45:02
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 06:45:02
A Noisy-le-Grand rejoindre l'autoroute A4 en direction de Paris. Qui m'indique le chemin le plus sûrement, la Lune dans son dernier quart ou la pléthore de panneaux indicateurs? Je peux connaître cette route comme si je l'avais pavée moi-même, je continue de lire les panneaux. Au cinéma à l'étranger, je fais de même en lisant les sous-titres de films français, ce qui est tout à fait affligeant quand on sait qu'au Portugal, en 1986, je pense avoir lu tous les sous-titres d'un film, Rendez-vous d'André Téchiné, en portugais, langue dont j'ignore tout, jusqu'aux règles de la prononciation, qu'en serait-il d'un film sous-titré en chinois?
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Bleu -
06:48:03
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 06:48:03
Au pont de Nogent-sur-Marne, prendre l'autoroute A86 en direction de Bobigny.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Tunnel Lieux Autoroute -
06:55:04
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 06:55:04
A Bobigny rester sur l'autoroute A86 en direction de Saint-Denis.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Tunnel Lieux Autoroute -
07:03:03
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 07:03:03
A Saint-Denis, rester sur l'autoroute A86 en direction de Nanterre.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Tunnel Lieux Autoroute -
07:08:44
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 07:08:44
Prendre l'autoroute A15 en direction de Cergy-Pontoise.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Bleu Lieux Autoroute -
07:15:22
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 07:15:22
A la station-service de Cergy-Pontoise, comme un lundi matin sur deux, je m'arrête, en sortant du travail de nuit, d'une part pour soulager ma vessie de toute cette eau minérale bue le long de la nuit, contempler ce faisant, du talus, le lever du soleil, déjà entraperçu du pont d'Argenteuil, puis aller boire un café au gobelet à la station-service.
Journée 22042003.txt 1/2 Lieux Autoroute -
07:16:45
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 07:16:45
La station-service de Cergy-Pontoise est d'une crasse inouïe et ses gérants ne s'en inquiètent pas plus que cela, ils n'ont pas de concurrence proche, tous le savent ici, qui doivent s'arrêter malgré tout, les uns pour faire le plein, les autres pour faire la vidange de leur urine et pour beaucoup de prendre un café et même un petit déjeuner, debout en lisant le journal, certains même y passer la nuit dans leurs camions. Plusieurs fois il m'est arrivé de discuter un peu avec un des pompistes de la station, un type de mon âge je pense, et nous avions engagé la conversation parce que je me réjouissais toujours le soir de faire le plein quand il était de service parce qu'il passait d'excellents disques de jazz sur sa radio, lesquels étaient retransmis sur toute la piste, et comme j'allai pour payer, je me prêtai volontiers au jeu du blind test, et donc discutant avec ce pompiste, je lui avais fait plusieurs fois la remarque que son gérant laissait vraiment la station à vau-l'eau, il m'avait dit que oui il savait d'ailleurs il avait honte de travailler ici, je ne le vois plus depuis quelques temps ce que je regrette du point de vue du choix de la musique, son remplaçant se contente de mettre la radio, mais ce qui me réjouit, pensant que peut-être il a trouvé un emploi qui ne lui fasse plus honte.
Journée 22042003.txt 1/2 -
07:17:23
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 07:17:23
En pissant derrière le talus, je contemple les trajectoires rectilignes des avions qui peuplent le ciel de bon matin. Enfant j'étais fasciné de tout ce que la ville et ses transports généraient de réseau et l'organisation folle qui régissait tous ces déplacements simultanés de personnes, avions, trains, camions et voitures mais aussi les bâteaux sur les mers, je comprenais avec difficulté que nulle entité humaine puisse surperviser raisonnablement cet écheveau débridé, que personne, vraiment personne n'avait la puissance intellectuelle suffisante pour calculer tout cela, même dans les grandes lignes. Il m'arrivait parfois de demander à mon père, ingénieur dans le transport aérien, quels étaient les horaires de tel ou tel vol de sa compagnie en provenance de Singapour ou de Los Angeles et de concocter un intinéraire imaginaire d'une personne se rendant en taxi depuis son domicile dans la banlieue de Los Angeles donc, à l'aéroport, attérissant à Paris CDG à 08H45, une demi-heure plus tard cette personne s'engouffrait dans le RER ou dans un taxi et arrivait à gare de Lyon à 10 heures, attendait une paire d'heures puis prenait le train en direction de Marseille en passant par Clermont-Ferrand et de descendre à Villefort, en Lozère, vers vingt heures quel trajet parcouru par cette personne! de même, j'ai un jour pris un taxi pour me rendre de l'appartement de mon ami Ollie dans le centre de Dublin à l'aéroport, pour prendre l'avion de Londres, de l'aéroport de Gatwick à Londres, j'ai pris le métro jusqu'à la gare de Waterloo où j'ai pris un train pour Portsmouth, et de Portsmouth, le lendemain, je prenais le ferry pour Le Havre et du Havre en voiture je suis descendu dans les Cévennes, en passant par Paris, arrivé au milieu de la nuit, je fus accueilli par les cigales, et je me suis dit que vraiment j'avais accompli là un drôle de périple en deux jours. Enfant j'avais raison de croire que de tels déplacements ne sont pas régis par l'homme __ enfant j'osais pousser le raisonnement que la supervision de ce réseau complexe, infini, devait échoir à Dieu, lui-même, tout simplement __ mais bien plutôt par ses machines à calculer, les ordinateurs, mais aujourd'hui pensant à ce qui est mis en oeuvre informatiquement pour fédérer ce désordre en mouvement, je suis pareillement pris de vertige à l'idée de la complexité de tout ceci. Et regardant les trainées de condensation d'un avion, je pense toujours que dans cet avion par quelque miracle physique, la portance etc..., des personnes se rendent d'un lieu à un autre et combien sont-ils dans cet avion à envisager ne serait-ce que la partie informatique de ce prodige, de l'ordinateur de bord de l'appareil jusqu'à l'informatique de la compagnie aérienne en question, et qui a rassemblé toutes les données de ce vol, de l'âge du commandant de bord au numéro de cartes de crédit des passagers, mais aussi qui est capable de les suivre et de les faire évoluer. Et ce sont toutes ces réflexions que je me suis tenues tout en pissant devant le soleil levant, le temps d'uriner, pour tout dire. Je suis ébahi de la quantité de mots qu'il m'a fallu pour expliquer ces pensées simples.
Journée 22042003.txt 1/2 -
07:23:14
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 07:23:14
Tous ces allers-retours entre Noisy-le-Grand, la région parisienne en général, et Puiseux-en-Bray se ressemblent et paraissent se fondre en un seul et même trajet qui dure assez longtemps pour contenir en lui toutes les anecdotes, les faits curieux, les accidents, les pensées et les rêveries, les cassettes et les émissions de radio écoutées en conduisant, les arrêts en bord de route, le plus souvent pour pisser, souvent aussi pour prendre le frais et lutter plus efficacement contre la fatigue et le désir de sommeil qui me gagnaient, d'autres fois encore pour prendre des photos ou encore des notes sur toutes sortes de papier que je pouvais trouver à bord de la voiture, une fois même ne trouvant rien qui puisse faire l'affaire dans la voiture, j'avais allumé l'ordinateur portable du travail et j'avais ouvert et enregistré un petit fichier de bloc-notes, dans lequel j'avais consigné quelques détails auxquels j'avais soudain pensé et dont je savais que si je ne les notais pas, jamais, ils ne seraient souvenus, le contenu de ce fichier .txt est d'ailleurs devenu la matière d'un bloc-notes en ligne, alors est-ce étonnant que depuis cinq ans que nous vivons à Puiseux-en-Bray et que je fais deux fois par semaine ce trajet qui me sépare de Noisy-le-Grand, est-ce étonnant donc, si ce trajet me paraît de plus en plus long tant ma mémoire s'acharne inexorablement à amalgamer toutes les pensées toutes celles justement que j'ai pû connaître en conduisant lors de ce trajet. Et faisant le tri dans toutes ces photographies prises ce matin, je m'aperçois comment les commentaires que je pourrais en faire seraient déjà écrits parmi toutes les notes que j'ai déjà pû écrire à propos de ce trajet. Dont acte.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Station service