Photos
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Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003
Je suis de plus en plus fatigué, pour tromper l'ennui et la fatigue je vais faire quelques photographies de la fenêtre. Je ne sais pas trop quoi penser de l'architecture de cet immeuble dans lequel nous travaillons, c'est une architecture dont il n'y pas grand chose à dire, toutes les semaines je fais des photos de cet immeuble, m'efforçant de trouver des variations à ce même thème improbable, parfois la météorologie m'aide, il neige et il suffit de prendre la même photographie que d'autres jours et la neige se charge de faire le reste. En fait c'est une architecture très médiocre mais j'ai pourtant plaisir à en faire des photographies même répétitives, cela m'inspire en quelque sorte, je ne crois pas que la cathédrale de Chartres par exemple m'inspirerait aussi bien, pour ce qui est de faire des variations de photographies s'entend, pour ce qui est d'y prier, peut-être pas, mais de m'émerveiller du travail des hommes du temps de l'existence de Dieu, je préfère tout de même faire quelques pas dans les nefs de nos plus belles cathédrales. Je me souviens en mai 1995, à l'occasion du mai de la photo à Reims, j'étais allé visiter la cathédrale de Reims très tôt le matin, j'étais seul dans cette immense cathédrale, je mesurais bien le peu de chose que j'étais et c'était là une pensée agréable, reposante en fait, ils ne sont pas si nombreux les espaces dans lesquels je ne bute pas contre quelques angles, du fait de l'étroitesse des couloirs. Comparablement lorsque je me dégourdis les jambes au milieu de la nuit dans l'immeuble de mon travail désert toute la nuit, ruche de jour, je ne suis pas apaisé du tout, mais au contraire inquiet de toute cette vie qui en est absente. Bref je ne sais plus ce que je dis, comparer, même de très loin, la cathédrale de Reims avec l'immeuble impersonnel de mon travail en pleine ville nouvelle, non là je crois que je débloque à fond. Pas sûr que vous puissiez les distinguer sur cette photographie, mais un des sous-toits de l'immeuble est hérissé de quelques paraboles de réception par satellite, je ne suis pas un expert en réseau, loin s'en faut, mais il n'est pas exclu que quelques-unes des données que j'ai déjà inscrites cette nuit au bloc-notes en ligne ont été acheminées par les chemins invisibles et aériens qui émanent de ces paraboles, les données, les miennes, sont bien entendu une goutte d'eau dans l'océan d'informations qui transitent invisiblement, ondes qui remplissent à craquer l'air des rues de nos villes et que nous traversons, et qui nous traversent, sans que cela nous arrête au propre comme au figuré.
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