Photos
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Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 16:23:59
Photographier Madeleine sur sa balançoire est une expérience de photographie qui n'est pas sans rappeler, plus modestement, les tentatives de John Baldessari intitulées: Throwing four balls in the air to get a square (best of 36 tries) (jeter quatre balles en l'air pour former un carré, les meilleures parmi 36 tentatives).
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Enfant, Balançoire Personnes Madeleine -
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Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 16:25:12
En effet l'impression visuelle qui est la mienne quand je pousse Madeleine sur sa balançoire, le plus haut possible, parce que Madeleine est une acrobate née et qu'elle ne se satisfait pas de la hauteur habituellement acquise sur une balançoire, cette impression visuelle donc, est souvent très vive, faite de ce mélange de la couleur des habits de Madeleine contre le fond vert foncé du jardin, la lumière de contre-jour et l'image sans cesse changeante de cette petite fille qui file dans les airs, toutes ces perceptions ne survivent en fait jamais, ou presque, à mes tentatives de les capturer en photographie. J'imagine que cette déconvenue doit être assez proche de celle du collectionneur de papillon qui finit par attraper dans son filet un spécimen très convoité et de devoir constater que dans cette capture un peu de la poudre des ailes du papillon s'est disséminée et que de ce fait le spécimen est plutôt médiocre, mais qui suis-je pour de telles suppositions, moi qui n'aies jamais chassé le papillon, seulement une certaine petite fille acrobate.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Enfant, Balançoire Personnes Madeleine -
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Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 16:26:26
Madeleine à la balançoire d'après John Baldessari.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Enfant, Balançoire Personnes Madeleine -
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Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 16:35:23
Anne.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Femme Personnes Anne -
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Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 16:35:30
Anne.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Femme Personnes Anne -
17:15:15
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 17:15:15
Plaine de Puiseux-en-Bray, j'emmène Madeleine, toujours très bavarde en pareilles circonstances, à la piscine de Gournay-en-Bray. J'ai honte mais j'écoute assez peu le babil incessant de ma fille, je n'y prête pas attention et bien souvent il gène ma concentration ou ma rêverie. Un jour, elle m'a demandé, avec cette sagacité typiquement enfantine, si ses paroles me dérangeaient quand " j'étais dans ma tête ". J'ai répondu oui, un peu estomaqué tout de même, mais elle ne s'est pas tûe pour autant, argant qu'elle avait des choses à dire, cela je peux le comprendre, je ne suis pas un monstre, vivement qu'elle sache écrire!, en silence. Du haut de cette colline, j'ai vu, un jour, la chose la plus incroyable qui soit, et on se demande bien quoi ?, une éclipse de soleil !, mais qui n'avait rien à voir avec celle du Temple du soleil. Comme beaucoup j'avais acheté des lunettes de soudure, en carton et en plastique, ce qui en fait de piètres lunettes de soudure, non un soudeur n'en voudrait pour rien au monde, mais vous m'avez compris, essayez pour vous même de décrire un tel objet, et revenant à la maison, après le spectacle de l'éclipse, j'étais sur le point de jeter ses lunettes à la poubelle, je ne fais pas de soudure à temps perdu à la maison et la prochaine éclipse en France est prévue pour le 3 septembre 2081, j'étais sur le point de jeter ces lunettes à la poubelle donc, quand regardant Madeleine dans son berceau, je choisis au contraire de ranger ces médiocres lunettes de soudure dont nous n'avions plus besoin, dans la boîte en carton dans laquelle Anne garde tous les menus souvenirs de Madeleine, comme le numéro du Monde datant du 17 février 1999, date de naissance de Madeleine et dans la monture en carton de ces lunettes, j'ai écrit : " Pour ma fille Madeleine, à l'occasion de sa prochaine éclipse de soleil le 3 septembre 2081, signé Papa," on s'amuse comme on peut.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Prairie, Champ -
17:15:23
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 17:15:23
Photographie habituelle, en passant sous la ligne de haute tension, sur cette route qui nous conduit vers Saint-Germer-de-Fly. A Saint-Germer-de-Fly se trouve une cathédrale de conception unique alliant deux nefs, l'une de style fin roman et l'autre en gothique flamboyant, maintenant que j'y pense, je ne crois pas avoir jamais fait une seule photographie de cette cathédrale, en revanche je crois que, dans mes fichiers, j'ai un nombre conséquent de photographies de cette ligne de haute tension.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Prairie, Pylône -
17:55:38
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 17:55:38
Comme de coutume au moment des vacances scolaires, les maîtres nageurs de la piscine de Gournay-en-Bray avaient installé la sono, ce que j'ai d'abord redouté, parce que je ne sais quelle tarte à la crême de variété française passait quand nous sommes entrés dans le bassin. Et puis parce que cela devait être la fin du disque, un des maîtres nageurs de la piscine de Gournay-en-Bray a changé de galette, je me préparais à mentalement fermer mes portugaises, mais je ne m'étais pas préparé à entendre une très vieille chanson des Rolling Stones Play with fire, air dont le refrain ne me quitte plus depuis notre retour de la piscine (Don't play with me cause you play with fire) et j'étais sidéré comme cette chanson m'apparut comme familière alors que, pensai-je, je ne l'avais pas entendu depuis des lustres, et justement je me dis que je devais essayer de me rappeler quand j'avais entendu cette chanson pour la dernière fois, et Madeleine, j'en suis sûr, devait me trouver très casse-pieds à ce moment, étant donné le peu d'attention que je prêtais à ses jeux et à ses chahuts.
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Enfant Personnes Madeleine -
18:15:22
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 18:15:22
Je me souviens que je n'ai entendu cette chanson que pendant un seul été, j'avais quatorze ans, j'étais au Pays de Galles, dans une petite ville balnéaire, Porthcawl, je ne suis plus très sûr, il faudrait regarder sur une carte, en voyage d'apprentissage des langues, et à l'époque combien ironisions-nous sur les efforts de nos parents qui nous envoyaient faire des progrès en langue, et nous étions bien fanfarons de dire que c'était surtout dans le maniement de la langue que nous faisions le plus de progrès, je veux parler, bien sûr, de ces premières pelles à la salive abondante à pas trop savoir quoi faire, ce qu'il était convenu de faire, de remuer la langue, c'était entendu, mais dans quel sens?, après tout nous étions au Royaume Uni. J'étais logé chez un médecin qui parlait parfaitement le français et qui prenait beaucoup de plaisir à m'apprendre les pires grossiéretés de la langue anglaise. Dans ma chambre, il y avait un tourne-disque ce qui constituait pour moi le rêve, avoir un tourne-disque dans sa chambre et ne pas avoir à négocier avec le père une interruption d'une série de disques d'Oscar Peterson pour pouvoir écouter quelques morceaux du Double Blanc, ou comble du luxe, la face 2 entière d'Abbey Road sur le pick-up du salon à Garches. Véritable supplice de Tentale cependant parce que les seuls disques disponibles étaient des tartes à la crème anglaises terribles, l'équivalent de ce que la variété française peut produire de pire, surtout celle des années soixante-dix, mais comble du bonheur tout de même, il y avait un double disque des Rolling Stones, une compilation de leur débuts, c'était la première fois que j'entendais les Stones et j'étais médusé d'entendre des morceaux comme Not Fade Away ou Play with fire. Ce dont je me souviens c'était l'effet vraiment incroyable que ce disque passé en boucle pouvait avoir sur ma libido, dont on imagine sans peine qu'à quatorze ans elle me travaillait déjà suffisamment comme cela, merci. Je me souviens de ma première petite amie, cet été là, elle était la première avec laquelle j'échangeais de ces baisers humides décrits plus haut, elle s'appelait Soline Langlois, elle avait des seins grandioses et me laissait en faire autant de choses, c'est à dire assez peu, que j'étais capable d'imaginer à cet âge, les toucher, les palper, en sentir le poids dans mes mains, c'était déjà beau, tandis que nous écoutions ce disque des Rolling Stones dans ma chambre, elle, elle était tombée sur une famille nettement moins drôle, dans laquelle il n'aurait pas été pensable que deux adolescents français, de sexe opposé, puissent être laissés sans surveilance étroite. Soline était prête à tout, territoires flous sur lesquels au contraire je n'étais pas du tout résolu à m'aventurer parce que le sermon paternel de pré-vacances, dans le salon, sur fond de Modern Jazz Quartet à tous les coups, résonait assez fort encore à mes oreilles (aujourd'hui c'est surtout le swing des mailloches de Milt Jackson qui perdure à mes oreilles). Et j'en étais là de mes pensées, partiellement immergé dans le bassin moyen de la piscine de Gournay-en-Bray, rattrapant Madeleine aux sortires du toboggan qui enchaînait descente après descente sans sembler se lasser du tout de ce petit manège.
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18:36:39
Par Philippe Jonckheere (de) | 22 avril 2003 à 18:36:39
Après Play with fire, Wild Horses, dont je me souviens qu'un ami d'enfance qui était devenu, dans les traces de son grand frère à la pléthorique discothèque, un grand connaisseur des Stones, vantait que ce fût là la chanson ultime pour faire l'amour, ce dont ni lui ni moi ne savaient quoi ce soit d'ailleurs. Un an plus tard cependant, j'étais cette fois en Allemagne, là aussi pour apprendre la langue, dans la ville de Regensburg en Bavière et je fis l'amour pour la première fois __ cette année-là le sermon paternel sur fond de Duke Ellington avait eu moins d'effet, faut croire __ avec une jeune fille, nécessairement un peu plus âgée que moi, qui s'appelait Sylvie, elle aussi grande amatrice des Rolling Stones et qui ne serait jamais départie d'une cassette qu'elle s'était faite, compilation maison des slows des Stones, dans laquelle figurait en bonne place Wild Horses. Cette première expérience fut plutôt un désastre et quand bien même je me souviens avec précision avoir éjaculé sur Wild Horses et de n'avoir ni trouvé meilleur le plaisir de l'écoute de ce morceau ni meilleure non plus le plaisir de l'éjaculation. Je crois que j'en ai tenu une manière de rigueur à cet ami. Madeleine continue d'enchaîner les tours de toboggan, fort heureusement tout à fait indocte des pensées qui sont les miennes tandis que je suis partiellement immergé dans le bassin moyen de la piscine de Gournay-en-Bray
Journée 22042003.txt 1/2 Mots-clés Fauteuil, Pelouse, Prairie